BRAVO À MANON, ÉTUDIANTE À L'EDNH EN 2ÈME ANNÉE DE BACHELOR DIÉTÉTIQUE
ÉQUILIBRE ALIMENTAIRE ET PETIT BUDGET : EST-CE POSSIBLE ?
INTRODUCTION
“La santé par l’alimentation, c’est l’enjeu des années à venir” Joël Robuchon
Aujourd’hui l’importance de la nutrition dans la prévention de nombreuses pathologies est de plus en plus répandue. La mise en place d’une politique nutritionnelle est donc devenue une priorité en matière de santé publique.
En effet, il est prouvé que le déséquilibre des apports nutritionnels et le manque d’activité physique sont à l’origine de nombreux cancers et de maladies cardiovasculaires provoquant plus de 55 % des 550 000 décès annuels en France. Notons aussi que l’équilibre nutritionnel est impliqué dans la prévention des risques de développer du diabète, de l’ostéoporose, de l’obésité ou tout autre problème de santé.
L’équilibre alimentaire ne signifie pas « manger de tout en quantité égale » mais plutôt « manger de tout en quantité adaptée » selon ses besoins et son rythme de vie. Le « bien manger » est souvent associé à un budget alimentaire élevé, ce qui a tendance à freiner les consommateurs les plus précaires qui se rabattent sur des produits prêts à l’emploi et autres plats préparés. Cette attitude pourrait se révéler néfaste pour la santé en raison des nombreux additifs et de quantités importantes de mauvaises graisses, de sucre et de sel dans ces produits. Il n’est pas évident non plus que ce soit vraiment la solution pour économiser.
Est-il possible de manger équilibrer sans se ruiner ?
Nous verrons tout d’abord la réelle signification de l’équilibre alimentaire, puis la part du budget des français consacrée à leur alimentation et enfin, il s’agira de montrer que manger équilibré peut rimer avec petit budget.
I. UNE ALIMENTATION ÉQUILIBRÉE POUR ÊTRE EN BONNE SANTÉ
Manger équilibré pourrait sembler compliqué, mais c’est en vérité plus simple qu’on ne le pense. Afin que chacun s’y retrouve en termes d’alimentation équilibrée, un plan de santé publique a été lancé en 2001.
Le Programme National Nutrition Santé (PNNS), apparu en France en 2001, a pour but principal de contribuer à la santé de la population en améliorant leur nutrition. Il s’agit d’un programme quinquennal gouvernemental inscrit dans l’article L 3231-1 du code de la santé publique et articulé avec le Programme National pour l’Alimentation (PNA) créé en 2010. Les recommandations de ce programme, élaborées par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), prennent en compte les besoins des personnes en bonne santé, les facteurs environnementaux, la culture des français, leurs habitudes et sont à adapter en cas de troubles ou de maladies spécifiques.
Le PNNS est renouvelé tous les 5 ans afin de suivre l’avancée des études scientifiques sur la santé des Hommes et de rester à jour face à l’évolution de la qualité des produits. C’est pourquoi, depuis sa création, on en compte 4 versions : le PNNS 1 de 2001 à 2005, le PNNS 2 de 2006 à 2010, le PNNS 3 de 2011 à 2016. Accessible à tous, le PNNS 4 est la dernière édition de ce programme mis à jour en 2019. Ses deux enjeux principaux sont notamment :
- l’adoption des repères à 2 niveaux de lecture. À la fois simple et précis, il doit être facile à comprendre pour l’ensemble des français mais suffisamment précis pour ceux qui souhaitent aller plus loin dans leurs démarches alimentaires.
- la prise en compte des inégalités sociales, afin de permettre à chacun d’être en bonne santé quelques soient ses conditions de vie.
Les actions menées par le Programme National Nutrition Santé sont regroupées à travers 10 mesures phares dont 7 concernant l’alimentation présentées ci-dessous : « Promouvoir les nouvelles recommandations nutritionnelles »
Cette première mesure vise à faciliter l’accès à l’information. Le site officiel Manger-Bouger est régulièrement mis à jour pour permettre aux français de retrouver facilement les recommandations et les réflexes à adopter pour rester en bonne santé. Pour que les enfants puissent aussi en bénéficier, les célèbres slogans « mange au moins 5 fruits et légumes par jour » ou « ne mange pas trop gras, trop sucré, trop salé » sont souvent diffusés à la télé entre deux dessins animés.
« Augmenter les fibres, réduire les quantités de sel, sucres, gras dans les aliments […] et promouvoir le Nutri-Score ». (ANNEXE 1)
Le Nutri-Score est un logo à 5 niveaux (de A à E) permettant d’informer les consommateurs sur la qualité nutritionnelle d’un produit. L’attribution de ce score s’appuie sur la teneur en nutriments à favoriser (tels que les fibres et les protéines) et ceux à limiter (tels que les acides gras saturés, les sucres et le sel). Concernant la plupart des produits, à l’exception des herbes aromatiques, des thés et des cafés, l’apposition de ce logo facilite la lecture des étiquettes et permet aux français de choisir des produits ayant une meilleure qualité nutritionnelle. Cependant ce logo ne prend pas en compte la présence de pesticides ou d’additifs dans les aliments.
« Réduire la consommation de sel de 30% d’ici 2025 ».
Pour cette mesure, la France s’est engagée auprès de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et mène une réflexion pour mettre en place les actions nécessaires pour respecter cette promesse en s’appuyant sur la consommation de pain des français (représentant 25% des apports en sel quotidien).
« Protéger les enfants et les adolescents d’une exposition à la publicité pour des aliments et boissons non recommandés »
Les médias ont une grande influence sur notre alimentation. Il est donc important de protéger les plus vulnérables face aux nombreuses stratégies des industriels, conscients de l’impact de leurs messages sur les plus jeunes.
« Permettre à tous de bénéficier d’une restauration collective de qualité en toute transparence »
D’ici 2022, le PNNS prévoit l’amélioration de la qualité des produits servis en restauration collective (50% d’entre eux devront être bio et durables), ainsi que la mise en place du Nutri score.
« Étendre l’éducation à l’alimentation de la maternelle au lycée ».
L’équilibre alimentaire passe tout d’abord par l’éducation nutritionnelle. Pour garantir une meilleure alimentation, il est nécessaire d’apprendre aux enfants à composer leur assiette, à découvrir de nouvelles saveurs et de nouveaux aliments. En effet, la désinformation peut causer une mauvaise alimentation.
« Veiller à l’alimentation de nos ainés » dans le but de prévenir la dénutrition des personnes âgées. La diminution des apports alimentaires sont susceptibles d’engendrer des carences ainsi que l’affaiblissement général des plus âgées. Il convient donc de sensibiliser les professionnels de santé et du secteur social pour palier à ce risque. Pour cela, le PNNS propose d’instaurer la « semaine nationale de la dénutrition ».
La nutrition est définie comme étant « l’apport alimentaire répondant aux besoins de l’organisme ». D’après le PNNS, ce terme doit être compris dans sa globalité, en regroupant l’alimentation et l’activité physique.
Afin de communiquer les recommandations nutritionnelles pour la population le plus simplement possible, l’Agence de Sécurité Sanitaire des Aliments (ANSES) utilise la pyramide alimentaire. (ANNEXE 2)
La première représentation de cette pyramide a été proposé par le Département de l’Agriculture des États-Unis en 1992. À la base, on trouve les aliments à privilégier comme les fruits et les légumes, puis en remontant les aliments pour manger sainement classés par ordre de priorité, avec au sommet les aliments à consommer occasionnellement et en petite quantité. Cet outil de référence pour une alimentation saine et équilibrée a connu plusieurs révisions. Dans sa dernière version, on constate que l’activité physique fait à présent partie de la base de cette pyramide. On remarque également que les légumes secs se retrouvent à présent aux côtés des viandes, poissons et œufs. Quant aux fruits et légumes, ils ont gagné de l’importance face aux féculents. L’OMS recommande d’ailleurs de consommer entre 400 et 800 gr de fruits et légumes par jour.
Cette pyramide alimentaire concerne les adultes. Il existe néanmoins une pyramide adaptée à l’alimentation des jeunes enfants de 18 mois à 6 ans élaborée par l’ONE (Office de la Naissance et de l’Enfance). (ANNEXE 3)
En effet, l’ANSES identifie 4 catégories de population spécifiques présentant des besoins physiologiques particuliers :
- les jeunes enfants de 0 à 3 ans
- les enfants de 4 à 17 ans
- les femmes enceintes & allaitantes
- les femmes ménopausées et les hommes de plus de 65 ans.
Des recommandations sur mesures sont donc rédigées par l’ANSES pour chacune de ces catégories.
La mise à jour du PNNS présente également les nouvelles recommandations de l’ANSES concernant la répartition des macronutriments :
- 10 à 20 % de protéines animales ou végétales (contre 11 à 15 % dans l’ancienne version),
- 40 à 55 % de glucides (contre 50 à 55 % auparavant), en veillant à réduire la consommation de sucres simples,
- 35 à 40 % de lipides (au lieu de 30 à 35 % auparavant).
Cette répartition varie en fonction des pays, les recommandations au Canada sont bien plus larges qu’en Suisse ou en Belgique, qui sont semblables à celles de la France. (ANNEXE 4)
Toujours dans le but de simplifier la compréhension et la mise en applications de ces recommandations, le PNNS a séparé ses repères nutritionnels en 3 groupes en fonction des comportements à adapter. (ANNEXE 5)
La première rubrique concerne les comportements à « Augmenter » : comme consommer des fruits et légumes (au moins 5 par jour), des légumes secs (2 fois par semaine minimum), des fruits à coque (une poignée par jour), cuisiner à la maison ou pratiquer une activité physique au moins 30 minutes par jour.
Dans le deuxième groupe « Aller vers », on recommande de manger 2 poissons par semaine (un poisson gras et un poisson maigre), des produits céréaliers complets à chaque repas, des matières grasses en privilégiant les huiles d’olive, de colza et de noix. Il y est conseillé également de se tourner vers des produits locaux, de saison et bio, ou de se limiter à 2 produits laitiers par jour pour une consommation suffisante mais adaptée (contre 3 dans l’ancien PNNS).
Quant au dernier groupe « réduire », il rassemble la viande (limitée à 500g maximum par semaine) et la charcuterie (pas plus de 150g maximum par semaine). De plus on y retrouve les produits et les boissons sucrées (limités respectivement à 10% des apports totaux et à 1 verre de 200 ml par jour). Tout comme dans l’ancien PNNS, l’alcool, les produits gras, salés, sucrés, ultra-transformés et notés D ou E selon le Nutri-Score sont à éviter. Enfin, la réduction du temps passé assis est une recommandation fondamentale de ce PNNS.
Ces recommandations souvent indiquées en grammes ne sont pas toujours simples à appliquer chez soi. Heureusement, il existe quelques repères visuels en utilisant les mains par exemple. Les deux points serrés correspondraient à la quantité de légumes par repas, la paume de la main à une portion de viande, deux doigts pour le fromage ou encore le point serré pour les féculents crus. (ANNEXE 6)
Afin de faciliter la composition d’un repas équilibré, les spécialistes affirment que la quantité de légumes doit concerner 2/3 à 1/2 de la surface de l’assiette et en ce qui concerne les féculents 1/4 à 1/3 de l’assiette. (ANNEXE 7)
Grâce à cette communication simplifiée des recommandations de l’Anses, la population a les cartes en main pour savoir comment manger équilibré et améliorer son état de santé général. Il serait intéressant de savoir combien les français dépensent pour s’alimenter.
II. LES DÉPENSES ALIMENTAIRES DES FRANÇAIS
En France, le budget alimentaire moyen est de 295 euros par mois. Pour les foyers aisés, il s’élève à 558 euros soit plus de 3600 euros par an, ce qui représente environ 23% du budget total d’un ménage français, selon « l’enquête budget de famille » de l’INSEE1 réalisée en 2015. (ANNEXE 8) On perçoit toutefois des disparités sociales puisque les foyers modestes, ayant un revenu inférieur à 1000 euros par mois, dépenseront forcément moins pour l’alimentation. On constate que l’âge et la composition familiale modifient également la répartition du budget : les jeunes dépensent environ 300 euros par mois pour leur alimentation, tandis que les personnes de plus de 30 ans dépensent environ 20% plus. Les français consacrent une part de leur budget de plus en plus importante pour l’alimentation. En 2017, les ménages consacraient 15,6 % de leur budget à l’alimentation hors tabac et alcool, contre 15,3 % en 2011 selon les données de l’INSEE.
La composition du panier alimentaire a évolué depuis 1960. D’après les comptes nationaux de l’INSEE en 2010, en 50 ans (de 1960 à 2014) la consommation de pain, de viande, de fruits et légumes et de boissons alcoolisée a nettement baissée, tandis que celle des poissons, des œufs, des laitages, des plats préparés et des produits sucrés a augmenté. (ANNEXE 9)
D’où l’importance de faciliter l’accès aux recommandations nutritionnelles de l’ANSES. Selon l’enquête « budget de famille » de l’INSEE, le budget alimentaire des français se répartit en 2015 en 25% de viande, 19% de pain et de féculents, 15% de produits laitiers et d’oeufs,10% de légumes, 8% de poissons, 7% de fruits, 7% de sucre et confiserie, 2% d’huiles et de graisses et 8% d’autres. Les prix à la consommation des produits alimentaires et boissons non alcoolisées ont augmenté de 6% entre 2010 et 2015. (ANNEXE 10)
Un des facteurs déterminant de cette répartition est le prix. L’INSEE affirme que 85 % des Français choisissent la grande distribution pour s’approvisionner et la plupart privilégient l’achat de marques de distributeur. De plus, seulement 5 % des consommateurs français font leurs courses au marché et 3% vont acheter directement chez les producteurs. Les français cherchant à minimiser leurs dépenses alimentaires se focaliseront donc plus sur le prix plutôt que sur le goût ou la qualité des produits.
De nos jours, l’alimentation est un des principaux facteurs environnementaux responsables du développement d’épidémies telles que l’obésité. Cette maladie correspond à un excès de masse grasse dans le corps et à un IMC2 supérieur à 30, responsable de graves conséquences sur la santé. Ses causes sont nombreuses et résultent de facteurs alimentaires, génétiques épigénétiques et environnementaux. (ANNEXE 11)
Selon l’étude ObEpi, le nombre de personnes atteintes d’obésité est passé de 8,5% en 1997 à 15% de français en 2012. Parmi ces 7 millions de personnes, on constate que les foyers les plus précaires sont davantage touchés par cette maladie. Par exemple, l’étude révèle que 0,6% des enfants de cadres en souffrent contre 6,1% des enfants d’ouvriers.
Les recommandations nationales pour la population (RNP) ont pour but d’améliorer la santé des français et de lutter contre l’évolution de ce type d’épidémie. Encore faut-il les suivre. De nombreux consommateurs sont convaincus qu’il faut absolument mettre le prix pour bien manger. Pourtant, il a été prouvé de nombreuses fois que manger équilibré ne signifie pas vider son porte-monnaie et ce même avec un budget limité.
III. MANGER EQUILIBRÉ SANS SE RUINER
Les caractéristiques socio-économiques et démographiques montrent que les personnes ayant un faible revenu ont généralement une alimentation plus déséquilibrée. Les inégalités sociales engendrent des disparités de comportements alimentaires. Le rapport Alisirs de l’INRA3 en 2010 et l’étude Abena de l’INVS de 2007 justifient cela par les ressources financières limitées, ne permettant pas d’accéder à une diversité de produits, l’isolement social et l’influence des publicités alimentaires qui jouent un rôle fondamental dans la recherche des foyers précaires à appartenir à la société de consommation.
S’éduquer et s’informer pour mieux consommer
Le manque d’information et d’éducation nutritionnelle sont aussi des facteurs clé de ces disparités. L’enquête NutriNet-Santé de l’Inserm4 révèle que lorsque les populations les plus modestes sont éduquées, elles s’informent via les magazines de santé et comprennent que l’on peut manger équilibrer même avec un petit budget.
Par manque d’information, de matériel et de savoir-faire, les foyers les plus pauvres ont tendance à se tourner vers des produits industriels, des plats préparés, souvent trop gras, trop sucrés et trop salés. Ces populations ne bénéficiant pas toujours de connaissances nutritionnelles, pensent à tort que manger équilibré passe forcément par la consommation de produits bio. Or, le bio est souvent cher et pas toujours gage de qualité. Même si ces produits sans pesticides sont meilleurs pour l’environnement, les gâteaux et plats préparés bio contiennent tout autant voire parfois plus de sels, de sucre et de gras que leurs équivalents non bio. (ANNEXE 12)
C’est pourquoi l’information est un enjeu fondamental pour améliorer l’état de santé de la population. Le site officiel Manger-Bouger regroupe toutes les recommandations santé du PNNS et apporte des conseils et des outils précieux pour les mettre en application. On y retrouve aussi des informations sur la nutrition et de nombreuses recettes.
L’équilibre alimentaire est basé sur la consommation de produits bruts, qu’ils soient bio ou non. L’AFDN5 démontre d’ailleurs que la consommation de fruits et légumes reste bénéfique pour la santé et l’alliée d’une alimentation équilibrée. De la même manière l’achat de produits transformés, même bio, est à limiter dans un cadre de vie sain. Cet amalgame pousse certains consommateurs à penser qu’il faut forcément acheter les produits possédant une allégation santé ou un packaging rappelant la nature pour manger équilibré, or cette vision du « manger sain » peut coûter plus cher. Les industriels ayant bien saisi cet engouement, un paquet de biscuit bio coutera environ 60% plus cher que son équivalent non bio. (ANNEXES 13 et 14)
Pour en savoir davantage je me suis intéressée aux alicaments et à leurs allégations dans un autre travail de recherches sur le sujet6. Enfin, à ma connaissance les effets bénéfiques des produits bio sur la santé n’ont pas encore fait leurs preuves tandis que les études sur les avantages des fruits et légumes sont bien fondées.
Consommer moins de viande pour sa santé mais aussi son budget
Une des recommandations du PNNS est de limiter sa consommation de viande à 500g par semaine. Dans son livre 50 Idées reçues sur l’agriculture et l’alimentation publié en février 2014, l’agronome Marc Dufumier affirme que manger équilibrer en réduisant mauvaises graisses et sucres est synonymes d’économies considérables, notamment lorsqu’on diminue les produits carnés, en tête de liste des dépenses alimentaires des français.
Manger local et de saison
Les astuces pour réduire son budget alimentaire tout en mangeant équilibré ne s’arrêtent pas là. Concernant l’achat de fruits et légumes, il est conseillé de privilégier les produits locaux et de saison à la fois pour sa santé mais aussi pour réduire son budget. En effet, les fruits et légumes hors saison sont importés de l’autre bout du monde. Acheter directement chez les producteurs locaux permet d’avoir des aliments plus riches en nutriments et d’éviter le coût du transport, qui augmente nécessairement le prix de vente des produits. La nature est bien faite et permet de nous offrir ce dont nous avons besoin au bon moment. En hiver, on mise sur les fruits et légumes riches en énergie et vitamines comme les carottes et les choux. Tandis qu’en été, notre corps se déshydrate plus facilement et réclame plus d’eau, il faut donc se tourner vers ceux qui en regorgent comme le melon, la pastèque ou encore la tomate. Manger de saison permet donc de varier son alimentation, une caractéristique fondamentale de l’équilibre alimentaire. (ANNEXE 15)
S’organiser, planifier et observer
Il est aussi recommandé d’établir une liste et de prévoir ses menus de la semaine à l’avance afin de ne pas céder aux tentations, ni se laisser piéger par les stratégies marketing ou les promotions du type « deux achetés et un gratuit » qui poussent à la surconsommation et potentiellement au gaspillage, selon une expertise collective de l’Inserm.
C’est le cas également des « grands formats familiaux » soi-disant économiques, qui incitent finalement à manger plus que ses besoins sans s’en rendre compte. Ajoutons que ces « maxi formats » reviennent parfois plus cher que les formats classiques d’après une récente enquête de l’ONG de défense des consommateurs Foodwatch. Il est donc important de se fier au prix au kilos pour faire des économies. Prenons l’exemple du riz long grain incollable (Lustucru), le format classique coûte 1,38 € soit 3,07 € le kilo tandis que son format familial est à 2,83 €, soit 22,8 % plus cher au kilo. De la même manière, on constate on augmentation de 29% au kilo pour les pains hamburgers géants Jacquet vendu 0,87 € en format standard (soit 2,64 € au kilo) contre 1,69 € en maxi format, soit 3,41 € au kilo. De quoi se laisser duper par une offre alléchante finalement plus couteuse. (ANNEXE 16)
Certains pourraient croire que les marques sont de meilleure qualité. Cependant, ces produits répercutent souvent sur le consommateur le coût supérieur d’emballage et d’un marketing haut de gamme. Il n’y a souvent pas de grande différence en termes de goût ou de qualité entre les produits de marques et les premiers prix.
Cuisiner pour moins dépenser
En cuisinant soi-même ses repas à l’aide d’aliments bruts, on peut maitriser les assaisonnements, cuisiner en plus grande quantité le week-end par exemple pour anticiper les repas suivants et donc éviter de consommer des plats cuisinés souvent remplis d’additifs et d’ingrédients nocifs pour la santé.
Aller au supermarché rassasier
D’autres petites habitudes simples à mettre en place permettront de réduire le total des courses. Tout d’abord se rendre au supermarché le ventre plein permet de faire de meilleurs choix alimentaires. En 2013, des chercheurs de l’Université de Cornell à Ithaca ont réalisé une expérience sociale auprès d’une soixantaine de personnes. Les résultats de celle-ci, publiés dans le JAMA Internal Medicine a révélé que les consommateurs faisant leurs courses en ayant faim se tournent plus facilement vers desaliments plus gras et plus sucrés que ceux ayant mangé avant. Une expérience menée en 2010 à l’institut neurologique de Montréal au Canada a montré la responsabilité de la ghréline, hormone qui stimule l’appétit, dans ces comportements impulsifs. D’après les chercheurs Alain Dagher et Deb Tang, en activant le circuit de la récompense, cette hormone motive l’achat de junk-food. S’y rendre sans ses enfants pourrait également réduire nettement la facture. Ces êtres innocents et naïfs, principale cible des industriels, risquent de se laisser séduire par des produits transformés mauvais pour leur santé, attirés simplement par leur personnage préféré sur le paquet. C’est pourquoi aux États-Unis, Kellog’s a supprimé les jouets de ses paquets de céréales, accusés d’encourager les enfants à consommer des produits trop gras et trop sucrés et d’être responsables du taux élevé d’enfants obèses ou en surpoids.
Mieux ranger pour ne pas gaspiller
La manière de ranger ses courses permettrait aussi de faire des économies. En veillant à ranger dans l’ordre les produits arrivant en date de péremption dans son réfrigérateur, on limite le gaspillage alimentaire. De plus, certains produits possèdent une « date limite de consommation » (DLC) comme le lait, la viande ou le poisson. Mais en vous renseignant, vous découvrirez que de nombreux produits possèdent une « date de durabilité minimale » (DDM ou DLUO) qui assure simplement des qualités gustatives optimales, ces derniers restant consommables bien après cette date. C’est le cas par exemple des produits secs et des conserves.
Penser aux surgelés
Enfin, l’achat de légumes et de fruits surgelés peut être une alternative intéressante pour réduire son budget alimentaire tout en prenant soin de sa santé. Certains pensent à tort qu’ils contiennent moins de vitamines et minéraux cependant il est important de rappeler que ces produits sont conditionnés juste après la récolte. Ainsi, des courgettes surgelées contiennent bien plus de nutriments et vitamines que des courgettes fraiches laissées à l’abandon dans le bac à légumes du réfrigérateur.
Toutes ces astuces et conseils permettront à l’ensemble de la population d’améliorer son alimentation et sa santé même avec un budget serré.
CONCLUSION
Manger équilibré n’est donc pas sorcier ! Grâce au PNNS et aux recommandations de l’Anses nous avons toutes les clés en main pour mieux consommer et rester en bonne santé. L’équilibre alimentaire est tout à fait compatible avec un petit budget, encore faut-il savoir comment faire. Pour cela, les nombreux conseils nutritionnels et les astuces disponible sur Manger-Bouger.fr offrent aux consommateurs la possibilité de revoir son alimentation et éviter les pièges des industriels visant à nous faire acheter toujours plus sans se soucier de l’impact de cette surconsommation sur notre santé.
Manger équilibré permet par la même occasion de réduire ses dépenses. En effet, qui dit « bien manger » dit « bonne santé » et donc moins de frais médicaux. Quand on sait que les français dépensaient en moyenne 1 125€ par personne et par an en 2017 (soit 10 € de plus qu’en 2016). La réduction des dépenses médicales serait un avantage non négligeable, surtout pour les foyers les plus précaires peinant à assurer ses soins.
En cuisinant à la maison, on découvre de nouvelles saveurs, recettes, mais aussi le plaisir de partager cette activité en famille où petits et grands peuvent participer pour mieux se régaler. Cela permet d’être conscient de ce qu’on a réellement dans notre assiette et de dépenser moins. En plus d’être meilleur pour la santé, cuisiner à partir de produits bruts revient moins cher que d’acheter des produits transformés et des plats préparés. En achetant local et de saison, on bénéficie de tous les avantages nutritionnels et organoleptiques des aliments, tout en soutenant les producteurs et l’économie locale, gage de subsistance pour l’avenir. Une autre alternative pourrait être de cultiver son propre potager et avoir de beaux légumes à volonté, encore faut-il savoir et pouvoir s’occuper d’un jardin dont ne dispose pas toujours les ménages précaires pour qui cela reste souvent de l’ordre du rêve inaccessible en termes d’achat et de temps.
BIBLIOGRAPHIE
SITES WEB
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• Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (02 août 2017). #EGalim : 20% du budget des ménages est consacré à l’alimentation, sur Agriculture.gouv.fr. Consulté le 16 mars 2020. Disponible sur : https://agriculture.gouv.fr/egalim-20-du-budget-des-menages-est consacre-lalimentation
• Obepi Roche, Recherche Médicale, Maladie Cardio Vasculaire (2012). Enquête nationale ObEpi 2012, sur Roche.fr. Consulté le 16 mars 2020.
Disponible sur : https://www.roche.fr/fr/innovation-recherche-medicale/decouverte scientifique-medicale/cardio-metabolisme/enquete-nationale-obepi-2012.html
• PNNS (Programme National Nutrition Santé). Le PNNS 2011-2015. Consulté le 15 mars 2020.
Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/PNNS_2011-2015.pdf
• PNNS (Programme National Nutrition Santé). Le PNNS 2019-2023. Consulté le 15 mars 2020.
Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/pnns4_2019-2023.pdf
• Réseau Atlantique Diabète – Marie BITAUD (13 mars 2015). Équilibre alimentaire et petit budget, sur ACREDIA Atlantique Diabète. Consulté le 22 mars 2020. Disponible sur : http://www.atlantiquediabete.com/alimentation–petit-budget.pdf
• R.L. Weinsier – American Journal of Clinical Nutrition (Septembre 2000). Dairy foods and bone health: examination of the evidence, sur PubMed.gov. Consulté le 16 mars 2020. Disponible sur : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10966884
LIVRES
• Marc Dufumier (6 février 2014). 50 Idées reçues sur l’agriculture et l’alimentation. Allary Editions, 256 pages.